C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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1

AATIR   
B. -

"Harceler, tourmenter" : Delivre, biau sire, Ton peuple de l'ire Du faulx ennemy, Que ne fait qu'atire Et mectre a martire Ton peuple au jour de huy. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 119-120).

2

ABUSION   
1.

"Tromperie" : Non mie Achillès ne Estor, Non mie certes Lancelot, Ainz hon nez tant puissance n'ot, Celonc se que tu me racontes ; C'est droite abuision et contes. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 329). Quil vous recompteroit ceste destruction Et le non des occis, c'est droite abusion. (Gir. Ross. H., c.1334, 213). Or pert que par abusion On m'a menti par grant malice (Mir. fille roy, c.1379, 105). Mais ad fin, beaux seigneurs, que nulle abusion Vous ne puissiez avoir en la nostre chanson (Cip. Vignevaux W., p.1400, 206). C'est tout truffe et abusion De Jhesus, le predicateur ; C'est ung broulleur, ung seducteur Et, par telz faiz, le peuple affolle. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 190). Qu'il vous plaise d'avoir pitié Du peuple qui est mamené En la Val d'Oste et d'environ, Pour la mavaise abusion De l'ydole de Jupiter Ramply du dyable de l'enfer, Qui abuse les simple gens. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 58). ...et ne se troublent es folles bobances et grans abusions de court (Abuzé D., c.1450-1470, 30). ...les histoires anciennes (...) font mencion de diverses tromperies, cauteles, abusions et deceptions (C.N.N., c.1456-1467, 255). Se ne sont pas abusïons Que je vous dy, ne mocqueries. (Path. D., c.1456-1469, 174). ...semble que le bon plaisir du Roy soit de despescher les ambassadeurs qui sont icy, leur remonstrant l'amour qu'il a tousjours eue audit duc et les parolles que lui ont rapportés de par lui, lesquelles ne sont questions, et qu'il cognoisse qu'il ne l'a servy que d'abusions et n'a charché ne charche que de leur[rer] temps (Roi René vie L., c.1462, 296-297). Pour finale conclusion L'omme qui ne crient n'est pas sage. Le monde est plain d'abusion Ce n'est qu'ung doloureux passage. (Le Mors de la pomme, éd. F.-E. Schneegans., a.1468. In : Romania 46, 1920, 569). Or alez faire diligence D'en sçavoir la conclusion, Affin que quelque abusion Ne nous peust trop soubdain surprandre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 171). ...mais disoit qu'il creoit que ledit de Clerieux ne le dissist pas si ses seigneurs ne luy eussent dit, qui confirmoit l'abuzion (COMM., III, 1495-1498, 291). Affin que plus ne me dehaicte L'Ennemy par abusion Ne par sa faulce illusion En quoy bien souvant il me tient (LA VIGNE, S.M., 1496, 384).

3

ACCEPTER   
-

Empl. abs. : ...car au moins mettoit il [le roi] temps dedens lequel l'expectant devoit accepter. (JUV. URS., Nescio, 1445, 489). L'ARCHIDIAQUE. Puis qu'il [saint Bernard] ne veut durant ma vie Accepter, vous ly donerés Après de moy [l'archidiaconé], et vous aurés Pour luy honneur et bon service (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 104).

4

ACCOMPAGNER   
.

[Un groupe de pers. en marche] : Aproche te de moy, la crye : Va pour la cité publier Que chescum viegnie acompaignier La procession de matin. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 116-117). Bonnes gens, je vous foys sçavoir De par noustre haud et grant segnieur, Dyoclecïent l'empereur, Que tous vignient acompagnier La justice et vouer couper Les testes de ces faulx crestïens. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 210).

5

ACCOMPARER1      | 2   
"?" : NOSTRE DAME. Mon trés chier filz, pour grant espace Nostre Bernard a supplié Pour le peuple qui est lié Et compris per ydolatrie De Jupiter, que ne doibt mie Acomparer le simple gens Par le dyable qui est dedans [la statue de Jupiter]. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 121).

Rem. Sens incertain. Le ms. porte la leçon acompres, corrigée par l'éditeur en acomparer. Si le sujet de ce verbe est le simple gens, on peut le définir par "payer, expier": Bernard a supplié Dieu pour le peuple, car ces simples gens n'ont pas à payer, abusés qu'ils sont par le diable caché dans la statue (cf. comperer "payer, expier, être puni de" dans GD).

6

ACCORDE   
-

En partic. [Dans le vocab. relig.] "Réconciliation, pardon" : Chascum jour a l'eglise som propre corps offroit, Supplement requeroit la Dieu misericorde Par cuy vray repentant trouvent pais et accorde (Gir. Ross. H., c.1334, 291). ...elle [la Vierge Marie] vieult chascun garder Et attraire a la Dieu accorde (Mir. march. larr., c.1349, 109). [Mere dieu] Par qui a Dieu treuvent accorde Ceulx qui de cuer sont repentant (Mir. enf. ress., 1353, 4). Dieu (...) Vostre grant misericorde Fait pecheurs avoir accorde A vous (Mir. femme, 1368, 215). Lequel [Jésus-Christ] de nostre humanité Voult (...) Sa deité sa jus couvrir (...) pour faire a Dieu d'omme accorde (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 18). Dieu (...) Par la vostre misericorde Treuvent li pecheour accorde. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 142). Li vrais Juges en celi jour Seoir au jugement venra ; Con fiers et crueux se tanra, Combien qu'il soit paiz et accorde, Et touz plains de misericorde, Si jugera il droitement (Jour Jug. R., c.1380-1400, 217). Tu as delivré de servage L'omme pour ta misericorde ; Pour trestout payas le peage : A Dieu le pere fis l'acorde. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 56-57).

7

ADMETTRE   
4.

Part. passé en empl. adj. [D'une chose] "Concédé, accordé" : LE VIe PELLERIM. Je yl ay bien aultre foys passé ; Mès ung y estoit bien servi. LE VIIe PELLERIM. De cella trestout ademis ; Mais on y compte largement. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 36).

8

AFFICHE   
a)

"Colifichet, objet de joaillerie ou d'orfèvrerie qui pare la toilette" : ...ne ne dore son corps par diverses affiches dont la superfluité ne siet pas moult a sollempnelz hommes (Bouciquaut L., 1409, 415). Prendez cros, kennes, tatiffes [l. et tatiffes] Et plusieurs aultres affiques, Dont les femmes se vont parant. Faictes ent feu cler et ardant Et le composez a degoix Tant que ce soit fin feu grigois (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 211). A Genève aussi vous yrés, Et de trestout nous furnyrés, De fins draps, aussy de damas, De velous et de fins cendalz De carmesim, forreure fines, De gris, de martres et d'erminnes, De chaynne d'or, aussy d'affiques, De tessu fins (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 64). A René de Fleurenville, pour quatre chevêches qu'il a données au roy, II fo VI go. Pour une poupade pour Hellène et autres petites affiches de plomb, I go IIII p. Pour ung esmouchail de plumes de paon pour Hellène, VI go. (Roi René vie L., 1476, 371).

9

AIRE2      | 1   
-

"De bonne disposition, bon, doux" : Car je me vueil gouverner si à point Que par souffrir et estre de bonne aire Je la feray morir de dueil ou taire. (MACH., L. dames, 1377, 172). Car elle est de si bonne aire Et d'affaire Tel que traire Ne scet à mal ne meffaire (MACH., Les lays, 1377, 335). Et la debonnaire Qui est de bonne aire, Blanche, blonde et vaire, D'onneur exemplaire, Le tres dous repaire Me vée où elle repaire. (MACH., Les lays, 1377, 438). Noustre chier [seignieur] de bonne ayre, Nous ferons le mieulx que pourrons, Et [tous] le pouvres recepvrons (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 151). Bien sçay oussi qu'elle a grant fain De veoir quelque miracle faire A ce prophete de bon aire, Que le cuer des gens admollist (Pass. Auv., 1477, 134). Nous fussions plus toust revenuz, Mais nous avons eu a faire D'aucuns faiz qui sont survenuz A nostre roy plain de bonn'aire. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 114).

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ALLÉE   
.

"Cadeau que l'on fait, repas que l'on offre au moment du départ" : ...ilz payeront nostre bien alée ; c'est raisons. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 130). Item le samedi à dîner (...) 18 d.p. Item le dimence ensuivant pour sa bienalée donna davantage aux compaignons pyonniers et aydes (...) 5 s.p. (Chartes Ste-Chapelle Vincennes B., t.1, 1403-1404, 182). ...lequel curé demanda audit Michault où il aloit et s'il paieroit point sa bien alée. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 240). Voycy une verge bien fine Que ly donré de bien allée. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 26).

11

ALLÉGER   
4.

Alleger qqn [son corps, son âme, son coeur...]. "Soulager qqn" : ...mais que t'essaies A ta char pugnir et purgier Pour gairir t'ame et alegier. (Mir. parr., 1356, 26). Qu'en joie puet mon mal changier Et aligier Moy de legier, Sans damagier Vostre honneur, dame de vaillance (MACH., Lays, 1377, 287). Et cil mieulx ama verité Tenir que son cuer alleger, Par soy de la cité vengier. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 26). Le Dauphin, voyant que sa fille Vienne demouroit moult triste pour ce que [ne] povoit scavoir qui estoient ses menestriés, va faire crier unes joustes en la cité de Vienne pour aleger sa fille, de laquelle chose Vienne fust moult joyeuse et en eust grant plaisir (Paris Vienne B., c.1400-1450, 62). Vous serez tantost alegiez, Se Dieu plest que vous dont sainté. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 105). Et pour ce (...) vous direz au chevalier, de par moy, que pour l'alléger et oster hors de ce danger, si c'est le bon plaisir du duc mon seigneur, je luy accompliray de bon vouloir le contenu de son emprise (Faits Lalaing K., c.1470, 73).

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ALLÉGER   
-

Qqn [son âme, son coeur...] est allegé : ...Si que ma doleur cesseroit Et ma grant joie doubleroit, Et que je seroie aligiez Des maus dont mes cuers est chargiez. (MACH., D. verg., a.1340, 51). Je di qu'il seroit alegiez De ce qu'il seroit solagiez Pour l'onneur sa dame honnourée Ou elle seroit demourée. (MACH., D. Aler., a.1349, 381). Item, pour mettre à execucion de point en point et acomplir le contenu cy dessus selon mon ordonnance, telement que mon ame en soit alegée, je esliz mes executeurs, mon tres chier et amé seigneur et cousin, maistre Jehan Jouvenel, (...) mon tres chier et especial et parfait ami, messire Jehan Berthe, Gauthier de Ressons, espicier, Gilet de Ressons, son filz (Test. Parlem. Paris T., 1415, 573). Vous serez tantost alegiez, Se Dieu plest que vous dont sainté. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 105).

13

ALLÉGRANCE   
"Allégresse, joie" : De plus en plus je vueil estre soingneux De la servir de toute ma puissance. En actendant que j'en aye alegrance Suis et seray adés plus envieulx (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 394). Bien soyés venu, my seignieur, Et receu az grant alegrance. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 22). Le bon jour [sy] vous soyt donné, Mes seignieur, [et] bonne alegrance. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 103). Sire, prenés en voustre cueur Alegrance et bom corage (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 132). Tes grans maulx me font grant plesir Et une tresgrant alegrance Quant je bien remire et pance Les grans joyes de paradis. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 259). Tu venoyes tousjours en ma mayson Moy promettre que j'aroye alegrance. Or ay esté par ma fole creance Trop bien deceu pour vouloir obeÿr As requestes dont tu ses bien servir. (Jeu quatre pers. L., a.1465, 195). Treshault Dieu, bonté souveraine, Ou j'ay mon cuer et ma fïance, Car tu es la doulce fontaine De amoreuse joyssance, Veulhe moy donner alegrance ! (Pass. Auv., 1477, 279).

Rem. Mot très répandu dans les dial. provençaux et fr.-provençaux.

14

ALLÉGRANCE   
"Allégresse, joie" : De plus en plus je vueil estre soingneux De la servir de toute ma puissance. En actendant que j'en aye alegrance Suis et seray adés plus envieulx (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 394). Bien soyés venu, my seignieur, Et receu az grant alegrance. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 22). Le bon jour [sy] vous soyt donné, Mes seignieur, [et] bonne alegrance. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 103). Sire, prenés en voustre cueur Alegrance et bom corage (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 132). Tes grans maulx me font grant plesir Et une tresgrant alegrance Quant je bien remire et pance Les grans joyes de paradis. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 259). Tu venoyes tousjours en ma mayson Moy promettre que j'aroye alegrance. Or ay esté par ma fole creance Trop bien deceu pour vouloir obeÿr As requestes dont tu ses bien servir. (Jeu quatre pers. L., a.1465, 195). Treshault Dieu, bonté souveraine, Ou j'ay mon cuer et ma fïance, Car tu es la doulce fontaine De amoreuse joyssance, Veulhe moy donner alegrance ! (Pass. Auv., 1477, 279).

Rem. Mot très répandu dans les dial. provençaux et fr.-provençaux.

15

ALLÉGREMENT   
B. -

"En manifestant de la joie, de l'allégresse" : Le lui donne jusque à dix mille Escu vielz (...) ; Je ly octroye alegrement (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 25). Pour le corps Dieu, receu nous ont [en cest hostel] alegremant (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 29). Tant de la ville que d'autres plusieurs lieux La seigneurie vint hors plus d'une lieux Luy apporter les clefz tres humblement, Alaigrement et de cueur tres joyeux (LA VIGNE, V.N., p.1495, 223).

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ALLÉGREMENT   
B. -

"En manifestant de la joie, de l'allégresse" : Le lui donne jusque à dix mille Escu vielz (...) ; Je ly octroye alegrement (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 25). Pour le corps Dieu, receu nous ont [en cest hostel] alegremant (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 29). Tant de la ville que d'autres plusieurs lieux La seigneurie vint hors plus d'une lieux Luy apporter les clefz tres humblement, Alaigrement et de cueur tres joyeux (LA VIGNE, V.N., p.1495, 223).

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ALLÉGRET   
"Vif, qui rend gai" (Éd.) : Oÿ dya, j'en ay [du vin] de pluseurs, De blanc, de vermel, de soret, D'ung et d'aultre plus alegret. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 47).

18

ALLER   
-

Aller mal : ...il vit que tout aloit mal (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 195). DAME BERNOLINE. Il me semble que j'ay ouÿ Mon seignieur plandre : qui y a ? L'ESCUIER. Hélas ! ma dame, trés mal va. Bernard s'en est alez anuyt. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 90). La Chose publicque a mon aage Si tresmal aller je ne vids. (Sots mal., c.1480, 86). Et sembloit bien audict duc que le faict d'Angleterre ne povoit aller mal pour luy (COMM., I, 1489-1491, 212).

19

ALLONGER   
II. -

Empl. pronom. "S'étendre, s'agrandir" : C'est ta puissance que s'alonge : Tu auras tantost tout le monde. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 128-129).

20

AMBAINCE   
"Aumusse" (Éd.) : Messire Bernard, de present Je vous vesteray le surplis Et celle ambaince de fin gris. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 81).

Rem. Note de l'éd. : "Ambaince est évidemment une altération du mot aumusse. Ce vêtement était, comme l'on sait, toujours en fourrure, et constituait l'insigne particulier des chanoines".

21

AMBROQUELLE   
"Myrtille" : Tu m'ayderoy bien a chanter. L'espouse se peult bien vanter Qu'elle sera mal assenée. Il estoit meillieur l'aultre année. Les aranez et ambroquelles. Est il icy de maquerelles, Ma feulyarde, d'environ ? (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 33).

Rem. Pour P. Aebischer (Augusta Praetoria 7, 1925, 49-61, reproduit ds P. Aebischer, Neuf études sur le théâtre médiéval, Genève, 1972, pp. 110-111), il s'agit d'un mot du Val d'Aoste, comme son correspondant actuel ambrecalle. ROLL. Flore 7, 236 mentionne plusieurs var. de ce mot dans les dial. de Suisse romande, de Savoie et du Val d'Aoste (V. aussi J. Jud ds Romania 52, 1926, 337-341 ; PIERREH., s.v. ambroche ; Gloss. des pat. de la Suisse romande, t. 1, 1924-1933, 384a, s.v. anbrezala et 384b, s.v. anbrohlya).

22

AMENER   
-

[Dans des formules d'adresse] : Vien avant ; trai te près de moy. Qui ["qu'est-ce qui"] t'amaine ci, dy le moy (Mir. march. larr., c.1349, 115). ...qu'est ce Qui t'a si matin admené ? (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 230). Quel bonne nouvelle t'amainne ? Que fait mon frere de Menton ? (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 7). Mes biau seignieur, oure qué vent Vous amene en ceste mayson ? (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 22). Mes amys, quel vent vous admayne ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 469). Bien soyez vous venu, m'amye ! Qui ["qu'est-ce qui"] vous admayne ceste part ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 524).

23

AMENER   
-

[Dans des formules d'adresse] : Vien avant ; trai te près de moy. Qui ["qu'est-ce qui"] t'amaine ci, dy le moy (Mir. march. larr., c.1349, 115). ...qu'est ce Qui t'a si matin admené ? (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 230). Quel bonne nouvelle t'amainne ? Que fait mon frere de Menton ? (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 7). Mes biau seignieur, oure qué vent Vous amene en ceste mayson ? (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 22). Mes amys, quel vent vous admayne ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 469). Bien soyez vous venu, m'amye ! Qui ["qu'est-ce qui"] vous admayne ceste part ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 524).

24

AN   
-

[Dans des formules de salutation] Bon jour / Bon an : Seignieur chanoyne du monstier, Bon jour, bon an vous soit donné. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 78).

25

APERT2      | 1   
-

"Rapide" : Par foy, dist Gieffroy, veez cy appert messagier, je me donne merveille que ce puet estre (ARRAS, c.1392-1393, 299). Prenez trois de noz chevaliers, Des plus appers et plus legiers Qui en facent la diligence. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 364). Je seray oure plus apert Qu'ung lyevrier. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 64).

26

APPAREIL1      | 2   
-

Se mettre en appareil. "S'équiper, se préparer" : Ysembers, tres bien dit avez ; Chascun se mette en apareil. Nous en yrons, par mon conseil. Qui vouldra, nous suive le pas. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 73). Mectez vous tous en appareil, Roillart, Dentart et Gadifer ; Prenez ces gros mailletz de fer Et vous en venez le grant trot. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 207). Mectre vous fault en apparel, Sire de Biaufort, mon compere, Et vous, de Duyng, mon trés chier frere, Pour thyrer tantost ceste part. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 15). Sy se mirent en tout aigre appareil Bourgongnons, Picars et Flamengs auprès leur prince, et vinrent en fier contenement atout leurs eschelles, manteaux, pavais et fagots, jusques à leurs murs qui jà estoient tous garnis et préparés (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 109).

27

ARAGER   
I. -

Empl. intrans. "Enrager, devenir furieux, fou furieux" : "Mahom," dit le roy, "moy fauldra arrager, Quant mort est mon nepveu que j'avoie si cher..." (Galien D.B., c.1400-1500, 61). Quant Burgualant l'ouï, vif cuida arrager, De maltalent et d'ire commença a tressuer... (Galien D.B., c.1400-1500, 115). Quant Balinguant l'entend, [a] poi qu'il n'araia [l. araja] (Galien D.B., c.1400-1500, 139). Gieffroy l'entent, pour peu n'arrage, Espris de merveilleux courage, Moult fut espris de dueil et d'ire (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 228). J'ay cuidiez aragier tout vif ; Oncque ne fu si esbahis. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 46). Atrampez ung peu vo corage, Mon seignieur, car, pour mon serment, Mon maistre ne sçay pas comment Il est perdu ; il en arage. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 95). SATHAN. Cecy nous peut grandement nuyre. LUCIFER. J'arraige. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 189). Le livre en quoy ma leçon est Dit que Saturnus l'engendra En Rea, je croy qu'ainssi est, Mais l'escript dit qu'il araja. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 339). Le [l. Je] murdre, j'erraige, j'arraige (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 126).

Rem. Myst. process. Lille K., t.1, a.1485, 8/533.

28

ARAGER   
I. -

Empl. intrans. "Enrager, devenir furieux, fou furieux" : "Mahom," dit le roy, "moy fauldra arrager, Quant mort est mon nepveu que j'avoie si cher..." (Galien D.B., c.1400-1500, 61). Quant Burgualant l'ouï, vif cuida arrager, De maltalent et d'ire commença a tressuer... (Galien D.B., c.1400-1500, 115). Quant Balinguant l'entend, [a] poi qu'il n'araia [l. araja] (Galien D.B., c.1400-1500, 139). Gieffroy l'entent, pour peu n'arrage, Espris de merveilleux courage, Moult fut espris de dueil et d'ire (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 228). J'ay cuidiez aragier tout vif ; Oncque ne fu si esbahis. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 46). Atrampez ung peu vo corage, Mon seignieur, car, pour mon serment, Mon maistre ne sçay pas comment Il est perdu ; il en arage. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 95). SATHAN. Cecy nous peut grandement nuyre. LUCIFER. J'arraige. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 189). Le livre en quoy ma leçon est Dit que Saturnus l'engendra En Rea, je croy qu'ainssi est, Mais l'escript dit qu'il araja. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 339). Le [l. Je] murdre, j'erraige, j'arraige (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 126).

Rem. Myst. process. Lille K., t.1, a.1485, 8/533.

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ARANE   
"?" : Tu m'ayderoy bien a chanter. L'espouse se peult bien vanter Qu'elle sera mal assenée. Il estoit meillieur l'aultre année. Les aranez et ambroquelles. Est il icy de maquerelles, Ma feulyarde, d'environ ? (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 33).

Rem. La proximité du mot ambroquelle incite à penser qu'il s'agit d'un fruit, peut-être "airelle", si un rapprochement avec les mots dauphinois arenas "airelles noires ?" et arenies "airelles" (FEW XXI, 96b: o.i.) s'avère justifié.

30

ARCHIDIACONÉ   
"Partie d'un diocèse soumise à la juridiction d'un archidiacre" : Mardi premier jour d'Aoust seellée une lettre au chapelain du Dispot nommé messire Philippe Dyveri, par laquelle Madame li donne la prouvende et archidiaconé en l'esglise de Caserte. (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 147). ...à cause de l'archidiaconé d'Ouche, ou dyocese d'Evreux (FAUQ., III, 1431-1435, 124). Pour quoy je vous [di], au surplus, Que je vueil a syre Bernard, Qui est homme de bonne part, Donner l'archidyaconé, Et qu'en mon lyeu il soit posé. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 104). ...tous les drois, fruis, proufitz et revenues desdits prieuré, cure et grant arcediaconé (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1482, 9). ...nous avons depuys n'a guieres donné l'archediaconé de Jozas, chanoinie et prebende en l'eglise Nostre Dame de Paris, à nostre amé et feal conseiller Me Jehan de Pierrepont (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 230).

31

ARCHIDIACRE   
"Dignitaire ecclésiastique placé par délégation de l'évêque à la tête de l'une des ciconscriptions territoriales du diocèse" : ...l'evesque que l'arcediacre murtrit pour estre evesque après sa mort. (Mir. ev. arced., c.1341, 105). Et ly atre fut nomeis Henri d'Awans. Ilh fut officieus al noble saingnor d'Agymont et de Walhehen, et soy mariat alle filhe do riche archidyakenne de Molant, canonne de Saint Lambiert. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 419). ...messire Jehan Sceclas, archydiacre de Hainnau (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 161). ...et lez doys sont, en la main, conme lez maindres membres, auxquelx dois nous povons equiparager lez officiers de Sainte Eglyse qui sont dessoubz l'evesque, come doyens, archediacres et curés (Songe verg. S., t.2, 1378, 167). Hee las ! con je fui or mar né ! Mar fui onques arcediacres, Je voy sa gens plus noirs que tacres Qui nous avront de leur partie. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 247). ...il qui parle et lesdiz Breton et Copin se partirent de laditte ville de Senliz, et chevaucherent ensamble jusques à la Chappelle à Somal, ouquel lieu ilz trouverent l'arcediacre de Paris, en sa compaignie maistre Robert Caret et plusieurs autres (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 543). Cedit jour, furent au Conseil en la Chambre tous les seigneurs, et avecques eulx l'evesque de Troyes (...) l'arcediacre de Sedenne, l'arcediacre de Brene, le doyen de Saint Estienne (BAYE, I, 1400-1410, 288). A son tres honurable, tressage et discret seigneur, Mestre W[illiam] Milton, archedeakne de B., supplie treshumblement un povere homme J. C. de Croidoun (...) que... (Lettres agn. L., p.1406, 27). Ce jour, maistre Nicole de Baye, archidiacre de Chaalons et chanoine de Paris (...) ala de vie à trespassement (FAUQ., I, 1417-1420, 296). ...deniers payez à maistre Jehan Jobart, archediacre de Lengres et procureur de mondit seigneur en court de Rome, pour pluseurs bulles de indulgences et autres qu'il avoit payes touchant mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 223). Archediacres et chantres et chanoines, Soyent reguliers ou soyent irreguliers, Prestres, cloistriers, moynes noirs et blancz moynes, Les Jacobins avec les Cordeliers, Priez pour moy et dictes voz psaultiers. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 135). Et mesment ceulx qui sont prefferés en aulcunes dignités, comme arcevesques, evesques, abbés, doiens, prevos, arcediacres, curés et autres (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 240). Et pour ceste election veoir mieulx au long, fauldroit aller veoir ung docteur, nommé l'archediacre en la cinquiesme distinction de consecratione, et en plusieurs aultres lieux [surnom] (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 226). Il fauldroit ung home soubtilz. Alé querir l'archidiaque. Foy que je doibt monsieur sainct Jaque, Il y a une grant erreur. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 53). ...et, pour ladicte court de Parlement, maistre Jehan le Boulenger, maistre Jehan le Seellier, archidiacre de Brie (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 88). Item, aprés marcherent les chanoynes, doyens, archediacres, gens constituez en dignitez d'eglise (LA VIGNE, V.N., p.1495, 310). Ceste estolle je vous en donne, Ensy vous convient, et ordonne Archediacre pour verité De Romme, la noble cité, Ou non du Pere et du Filz Et aussi du sainct Esperit. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 179).

32

ARRIVER   
3.

[Formule de bienvenue] Vous soyez le bien arrivé. "Soyez le bienvenu" : Tu soies le bien arrivez, Volant. Qu'est ce la qui te maine ? (Mir. chan., c.1361, 163). Vous soyés les bien arivé A Menton, en nostre mayson. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 11). Ha ! monseigneur, Dieu vous doint joye ! Vous soyez le bien arrivé ! (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 316). Vous soyez tresbien arriuez Dy moy que cest quil a fait (Myst. st Martin K., a.1500, 335). Et vous aussi, mon gentil moyne, Vous soyés le bien arrivé ! (P. moyne, a.1500, 46).

33

ASSENER   
2.

Empl. abs. (Estre) bien/mal assené. "(Être) bien ou mal loti dans le domaine sentimental" : N'en ce monde ne fust mie trouvée Dame qui fust si tres bien assenée.x (MACH., L. dames, 1377, 176). Qu'onques dame ne fu née Si bien assenée, Puis qu'il est miens et il m'a. (MACH., Les lays, 1377, 364). Et puis que ad ce s'est accordee Vo gracieuse volenté, Je suis contente en ma pensee. Mon cueur tiens pour bien assené. (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 362). N'il ne semble ne sage ne sené, Tant se demaine et tant est malmené. Et se clame d'Amours mal assené Et baraté, Et se complaint de sa grant loyauté (CHART., D. Fort., 1412-1413, 184). Dieu mercy, quant me tenés Avoec vous, bien sui assenés. Je ne fuisse pas sy tres liés, Se tous me fust quittiés bailliés Ly mondes, com sui quant vous voy. (Pastor. B., c.1422-1425, 232). Tu m'ayderoy bien a chanter. L'espouse se peult bien vanter Qu'elle sera mal assenée. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 33). Et je voy que la chevalerie de ce royaume ne tient compte de vous, mais ce proucede pour ce que vous ne vous faittes de rien cremir, servir ne aucunement honnourer, dont m'en tiens a meschante et mal asnee [sic]. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 484).

34

AVAL   
2.

Ci-aval. "Ici en bas" : Ains [Griseldis] semble mieux, a son atour Et a sa tressaige maniere, Que en l'ostel d'un emperiere Ou en aucun palais royal Ait demouré que ci aval Entre ces povres laboureurs. (Gris., 1395, 42). En celle rue, cy aval, Il demoure ung bon medicin. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 169).

35

AVENGER   
"Avancer, faire progresser (une activité)" : ...il estoit tant piteux d'effusion de sang humain, ne oncques en son temps ne voult consentir bataille avengiée contre ses ennemis, ne leur destruction, se par leur cause, presompcion et coulpe n'estoit (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 139). Pour mes hospital avangier, Me fault travaillé nuit et jour. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 156).

Rem. Il convient de lire en deux mots : a vangier ds l'ex. suivant : Par Mahon, trop myeulx ameroye Estre destruit et enraugé Que si je leysoye avangier [l. a vangier] La grant injure qu'il m'on[t] fet. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 178).V. venger.

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AVISAGER   
Part. passé en empl. adj. "?" : Je ne sçay pourquoy a fait Dieu Tant de gent mal avisagié. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 68).

Rem. Sens difficile à déterminer. FEW mentionne ce passage en donnant la déf. suivante : "Muni d'un visage". J. Renson, Dénom. Visage, 1962, 213 donne la même déf. D'apr. GDC, avisager signifie "envisager, contempler", et d'apr. HUG., "regarder au visage ; fig. : examiner".

37

BABOUIN   
-

[Empl. comme terme d'injure] "Sot, imbécile" (Éd.) : Voyre dya ! mès, ly babuyn, Que ne le disoit [il] devant Qu'il te promis ? (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 96).

38

BAISIR   
"Baiser" : Je voyl que chascune s'avance De lè baysir honnestement. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 22).

39

BARAT   
-

Sans barat : Et vorra doucement amer, Amouresement, sans amer, Sans penser mal, sans villonnie, Sans barat et sans tricherie, Son dous amy (MACH., Compl., 1340-1377, 267). ...je sui son loial ami, Sans barat et sans tricherie (MACH., Voir, 1364, 764). Nuls d'eaus ne scet dire : "c'est mien", Pour ce que c'est une unité, Conjointe par vraie amité, Sans barat et sans mal engien (MACH., Lays, 1377, 341). ...sans fraude, barat ou mal engin. (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1450, 239). ...toust ces sire chanoinne On regardé vostre personne Et consideré toust l'estat Dont estre partiz sans barat (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 81).

40

BARATEL   
"Bluteau" : Demain on perdra le caquet ; Il en aura de baratel. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 83).

Rem. Mot rapproché par l'éd. de l'a. fr. buretel "bluteau" et du provençal barutel "bluteau", qui s'emploie également au sens de "bavardage, caquetage".

41

BARBE   
-

[Dans une formule de serment] : Foy que doibs barbe de menton, Je yray a cestui printemps Et ly ayderé de mil frans, Se Dieu plait, a fayre s'egleyse. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 162). L'admiral appelle Marpin, le plus desloial larron qui fut entre les humains, et luy dist : "Marpin, par la barbe que je porte au menton, se tu pouvoies faire qu'on peult embler la sainture que Florippes porte, je te dourroye de mon or et de mon argent grandement, et seroyes mon tresgrant amys, car se je la pouvoye avoyr, je suis seur que les François seroient tantost mors et ne me pourroient grever." (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 102).

42

BÂTON   
.

Baston de regime. "Insigne d'un archidiacre" : Or ça, il fault que ly remecte En main le baston de regime, tradit baculum De l'iglise la discipline, De toute la correction, Du cueurs la dominacion. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 113).

43

BÂTON   
.

Jeter son baston (en bas). "Donner le signal d'arrêt d'un combat singulier" : Et luy donna d'un estoc de la haiche tant qu'il le fist tourner un tours et demy et a l'eure les juges gecterent le baston et furent prins et amenéz devant le hourt (WERCHIN, Corresp. G.-W., 1402-1409, 149). Lors le roy de Castille voyant que le plus bel des armes estoit apparent plus à l'un qu'à l'autre, jà-soit-ce que tous deux avoient bien fait, jeta son baston en bas, qui fut signifiance que les armes estoient accomplies. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 139). Mes le duc, voyant (...) que bien longuement (...), ilz s'estoient combattus et esprouvéz comme vaillans et bons chevaliers (...), il getta son baston et les fit prendre sus au plus felle et estroit de leur bataille. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 169). Alors le duc d'Orléans, voyant le chevalier sicilien tant fort oppressé qu'il estoit mené jusques à la grosse haleine, dit au duc : "Beau frère, comment l'entendez-vous ? Vous voyez ce gentil chevalier en quel estat il est. Si ainsi est que du tout ne voulez son déshonneur, il est heure que jetez vostre baston." (Faits Lalaing K., c.1470, 88). Lors le roy de Castille voyant que le plus bel des armes estoit apparent plus à l'un qu'à l'autre, jà-soit-ce que tous deux avoient bien fait, jeta son baston en bas, qui fut signifiance que les armes estoient accomplies. (Faits Lalaing K., c.1470, 139). Et ainsi se queroient les deux chevaliers chevalleureusement, et tant chaudierent leur bataille que les quinze coups contenuz par les chappitres furent accompliz, et gecta le duc le baston, et furent les champions prins par les hommes d'armes et escoutes à ce ordonnez (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 302).

44

BEAU   
-

De beau present. "Dès maintenant" : Bernard, a la conclussion, Je veult que soyés marié Tantost, ou mal lié me feyrés. Entrepris l'ay de bel present. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 3).

Rem. Var. intensive de la loc. de present "actuellement, maintenant"

45

BÉNÉFICIER2      | 1   
B. -

En partic. "Doter (qqn) d'un bénéfice ecclésiastique" : ...Esmon Alderforde, presentour d'icestes, et un autre home, qui sont personnes benefisiéz, sont en purpos de permuter canoniquement certeinz leur benefices, mediantz les congié et assent de lour patrones et ceulx qui ont l'entreesse (Lettres agn. L., c.1404, 105). En oultre, fu touchié par aucuns, et dit haultement, en la presence du Chancelier et de touz les assistens, que touz ceulz qui, par affection ou prouffit particulier, pourchassent tel dommage contre la chose publique, contre l'Eglise de ce royaume, à la confusion, desolacion et total destruction des eglises, contre droit commun et contre bonnes meurs, sont indignes de demourer et d'estre beneficiez en ce royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 267). ...l'expedicion du roole que mondit seigneur avoit fait faire pour beneficier aucuns de ses serviteurs qui estoient et tendoient estre d'Eglise (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418-1420, 113). Begny soit Dieu qui vous a mise La volunté de le servir. Par ma foy, j'aroye desir Que [vous] fussés bennificés. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 77). ...et au regard des gens d'esglise, qui sont bien beneficiez, soubz umbre d'estre conseilliers du roy ilz ne deussent prendre aucuns gaiges (JUV. URS., Verba, 1452, 333).

46

BIEN   
.

Bien venant : Bien veignant, frere et amy chier ; Vous soyés le trés bien venu. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 9). Et, en montant lesdiz degrez, trouva ilec ledit seigneur de Gaucourt et Hesselin qui le saluerent et lui firent le bien veignant, et icellui connestable leur rendi leur salut (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 356).

47

BIEN   
1.

"Ce qui appartient à qqn, possession, propriété, richesse" : L'ARCEDIACRE. (...) Nous sommes cy (...) Touz a l'eglise appartenans, Ou aucuns biens de lui tenans, Si que nous devons regarder A l'eglise touzjours garder. (Mir. ev. arced., c.1341, 122). Mon seigneur, voulez vous avoir Ceste pucelle ci a femme Et a espouse, et faire dame De touz voz biens ? (Mir. femme roy Port., c.1342, 180). Se Dieu me doint bonne aventure, Ja par moy n'apeticeront Les biens qui dessoubz ces clefs sont Qui vaille maille. (Mir. st J. Cris., c.1344, 261). Et le pusillanime est digne de avoir biens et il se prive soy meïsme des biens dont il est digne. (ORESME, E.A., c.1370, 256). ...a un port de mer m'a mené Ou est une nef belle et grant, Qui d'aler en Gréce est engrant, Chargiée de biens et de vivres (Mir. fille roy, c.1379, 56). ...il print et embla, en un hostel de ladite ville, IX tasses d'argent et XXX ou XL fr., pelles, joyaulx et autres biens qui estoient en un coffre qu'il print et emporta (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 28). ...veant et saichant icellui seigneur estre moult hault seigneur, et poissant d'avoir et de biens (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 126). Et a l'estat, maintieng et gouvernement que vous avez veu en elle, vous povez assez appercevoir qu'elle n'a pas esté nourrie en mendicité ne en rudesse, mais en superfluité de bien, d'onnour et de largesse de tous biens. (ARRAS, c.1392-1393, 44). Ayez cuer de fierté de lyon envers voz ennemis, et entre eulx devez monstrer puissance et seignourie. Et, se Dieu vous donne du bien, departez en a voz compaignons selon ce que chascun en sera dignes. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Haa, Melusigne, dist Remond, dame de qui tout le monde disoit bien, or vous ay je perdue sans fin. Or ay je perdu joye a tousjours mais. Or ay je perdu beauté, bonté, doulcour, amistié, sens, courtoisie, charité, humilité, toute ma joye, tout mon confort, toute m'esperance, tout mon eur, mon bien, mon pris, ma vaillance, car tant pou d'onneur que Dieu m'avoit prestee me venoit de vous, ma doulce amour. (ARRAS, c.1392-1393, 243). Lors monta le prieur a moult les eschielles, et vint a l'eglise, et trouva Gieffroy ou cuer de l'eglise, qui avoit ouy messe. Il lui fist la reverence moult courtoisement, et lui dist que l'eglise, et tous les freres, et tous leurs biens estoient a son plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 277). A la fonteine longuement Repaira si diligemment Que l'avoir (...) Y gaigna et des biens assez (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 15). A Jehan Malechart, Gauthier Journot (...) ouvriers de bras, et à plusieurs autres, la somme de huit frans sept gros demi (...) pour plusieurs journees qu'il ont faites, employez et vacquees en avoir apporter des l'ostel Huguenin d'Aufrezin de Mascon jusques sur le port de la riviere de Soone pres dudit Mascon plusieurs biens meubles, tant vins que autres choses (...) comme pour avoir apporter iceulx biens de ladicte riviere de Soone, c'est assavoir, du port où iceulx biens furent arrivez pres dudit Chalon jusques devant la loige de chastellet dudit lieu de Chalon où ils furent venduz (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 173). Il vous deffy par vostre nom, Richart, le seignieur de Menton, De feu, de saing et d'aultre bien, Le sire de cyans et le syens. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 97). ...qui s'en alerent par composition, eulx et leurs biens saufz. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 50). Mais à l'occasion de ce qu'il n'est pas natif de nostredit royaume, il dobte que après son decès on voulsist mettre empeschement en sesdiz biens et les prendre comme biens aubeins et l'en frustrer, et semblablement sa femme et autres ses heritiers (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 9). Je vous promet sux vous sayntes mayns De vous contanter tresbien Et vous done pour fiance Ma persone et toux mes biens (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 59).

48

BIENALLÉE   
B. -

"Cadeau offert au départ ; cadeau de fiançailles" : Voycy une verge bien fine Que ly donré de bien allée. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 26).

49

BLANC   
-

Blanc manger. "Préparation culinaire à base de blanc de poulet ou de chapon (ou bien de poisson) et d'amandes pilées" : ...le maistre oz d'un trumeau de beuf pour cuire avec les chappons pour avoir le chaudeau a faire le blanc menger (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 185). Blanc mengier de chappons pour malades. Cuisiez le en l'eaue tant qu'il soit bien cuit. Puiz broyez amandes grant foison et du braon du chappon, et soit bien broyé, et deffait de vostre bouillon, et passé parmy l'estamine. Puiz mectez bien boulir tant qu'il soit bien lyant et espaiz. Puiz broyez gingembre blanc paré et les autres espices contenues cy dessus ou brouet blanc. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 217). [Autres ex. p.176, 177, 178, 179, 180, 181, 182,184, 185, 188, 189, 190] De grant cuisine ne lui chault, Ne de rost, ne [de] pastés chault, Ne saulce vert ne cameline, Ne blanc mengier de pouldre fyne. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 22). [Autre ex. p.39] Il fauldra largement boucter Cuyre de boilly et rosti, De blant mangier, pastez aussy De hasteriaulz et de luannes. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 65). ...Perches, poussins au blanc menger (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 20). [var. du v.155]

Rem. GDC VIII, 329b : blanc manger ; H. Lewicka, Les Comp., 1968, 97 ; TLF IV, 567b. Recette du blanc mengier d'un chappon ds Viand. Taillev., cf. J. Dufournet, Romania 91, 1970, 543. La recette figure dans le Liber de coquina (Alba comestia ; M. Mulon, B. philol. et d'hist. 1968, 377, 391, 403 ; Romania 93, 1972, 432). Sur le blanc de chapon, cf. A. Vollenweider, Vox rom. 22, 1963, 77. On relève aussi un blanc doucet (cf. K. Baldinger, Z. rom. Philol. 100, 1984, 682).

50

BLANC   
-

[Monnaie considérée comme de faible valeur] : ...pour un blanc ne despens franc. (GERS., Discours réconcil. G., c.1408, 1109). Le païs ne valoit ung blanc Si le passage ne fust franc. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 187). Et si n'ont pas vaillant ung blanc. (S. fol., c.1480-1490, 7). ...Car je n'ay pas ung povre blanc Pour m'enrichir (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 227). Il a si bien son temps passé Et vescu si honnestement Que prou de biens il m'a laissé, Sans debvoir ung blanc seulement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 520).

51

BOÎTE   
1.

"Récipient portatif à couvercle, boîte" : A Coppin, sellier, pour une XIIe de selles, tant pour coursiers comme pour roncins et haguenées, et estoient celles de coursiers et haguenées houssées, pour II selles de banieres et III selles de malle (...) livrées toutes estoffées et garnies de toutes choses avec VI licoulx de cuir de Hongrie, IIII boistes pour les selles de banieres et II paire destriefs à pages (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 186). Laquelle boiste il print en un coffre en l'ostel, où il le print et rompi la ferrure du coffre ouquel ladite petite boiste estoit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 23). Toute la nuit durant, carpentèrent no gent Pour drechier la bricolle, un engien exselent. Une boiste y avoit faite par tel convent Que, quant on veut grever une ville forment, On enplist celle boiste, qui tient mout largement D'ordures, de carongnes, de matère de gent, Et puis, au desclichier, tout chil abillement Est jetés en la ville ; si put si ordement Que nus ne puet entour durer nesunement (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 459). Cza, mecté boyre, mes enfans, Et pourté a la seigniorie. Prens ceste boyte de draygie, Mon escuier, et vous la couppe. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 11). Et, icelluy tumbé, ledit bastard descendit et print la boete qui estoit à l'arçon de sa selle, et icelle bailla audit conte, qui en fist ouverture. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 177).

52

BON   
-

Avoir bonne part à qqc. "Avoir une grande part à qqc." : Diex y puist bonne part avoir ! (Mir. enf. diable, c.1339, 15). Alons, que Dieu ait bonne part Et nous doint trés bien bessognier ! (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 78). Et fut dit et recité au Jouvencel que le cappitaine estoit bien content de lui et qu'il auroit si bonne part au butin qu'il en devroit estre content (BUEIL, I, 1461-1466, 38).

53

BOUTER1      | 2   
-

[Un mets, dans l'intention de le servir] : Il fauldra largement boucter Cuyre de boilly et rosti, De blant mangier, pastez aussy De hasteriaulz et de luannes. Vous avés d'oisons et de cannes (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 65).

54

BRAS   
-

Bras à bras. "En se donnant le bras" : Cza, filieurs, alons bras az bras. Que Dieu nous dont bien besongnier ! (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 20).

55

BUFFET1      | 2   
3.

"Présentoir, dressoir (en partic. pour servir la nourriture, la boisson)" : Des serviteur il faut avoir Au buffet et en la cusine (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 87). Il y avoit au bout de la place ung hault buffet et veiz aucuns qui y beuvoient. Je ne sçay si c'estoit vin ou eaue (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 192). Au regard du service, madame la nouvelle duchesse fut servie d'eschançon et d'escuyer tranchant et de pannetier, tous Angloix, tous chevaliers et gentilzhommes de grant maison ; et l'uissier de salle cria : "Chevaliers, à la viande !" Et ainsi alla on au buffet la viande querir (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 121). ...ung nommé Le Tailleur, qui le servoit en sa chambre et à son buffet (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 144).

56

CAQUET1      | 2   
1.

Péj. "Bavardage, papotage" : ...les bonnes femmes quant seront en leurs maisons, feront grant feste et grant parlement de la chiere que leur dicte dame leur aura faicte, et moult honnourees s'en tendront, et grant caquet en tendront avecques leurs voisines. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 88). Agrippart, cesse ton caquet (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 106). Demain on perdra le caquet ; Il en aura de baratel. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 83). Helas, vous ne savez que c'est De la vertu de ce brouet, Car il fait parler ung muet Et rent l'homme a quaquet plus gay Que n'est pie ou papegay. (Serm. Choppinerie K., c.1462, 158). Estes vous point de plourer assouvie ? Saillez embas et laissés ce quaquet, Allés dehors et vuydés ce parquet (Cene dieux, c.1492, 118). LE MORT RESSUSCITÉ. (...) A l'usurier jamais ne mys En gaige vigne ne maison (...) Et si n'a cause ne raison D'eslever ung si grant caquet (LA VIGNE, S.M., 1496, 530).

57

CARBOUCLE   
"Rubis ou variété de grenat rouge foncé, escarboucle" : Item ly tierche maniere des rubis carbocles sy est nommés balayze qui est une pierre bielle et virtuouze car elle a toutes les virtus de ruby. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 173-174). Aussi que le ruby surmonte en preciosité toutes les autres pierres resplendissans et lumineuses, en tant qu'il reluit en tenebres et de nuit entour ly come un charbon ardans - et pour ce est il carboncles appellés (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 654). Laysé avons le fondament De la cité d'Oste, et comment La colompne fust ordonnée [Et] des dyables constituée Par ung p[a]ien qui riche fuz, Qu'on appellait Pollicarpus ; Et ung charbucle ot ou somonz, Plus rouge qu'onque fust charbon, Reluysant par toute Savoye, Enseignant au païs la voie : L'eul s'appelloit de la statue. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 184). Item Dieu est en l'ame bonne et leale, comme ung espeux en chambre avec espeuse chaste et pure, comme ung roy en son royaume, comme une tour ou chastel (...), comme la carboucle en l'or, ou comme la manne en l'arche (Somme abr., c.1477-1481, 139).

58

CARMESIN   
"Étoffe de couleur rouge foncé" : A Genève aussi vous yrés, Et de trestout nous furnyrés, De fins draps, aussy de damas, De velous et de fins cendalz De carmesim, forreure fines, De gris, de martres et d'erminnes, De chaynne d'or, aussy d'affiques (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 64).

59

CARRE   
-

Ni lieu ni carre. "Aucun endroit (ni espace ouvert ni espace fermé)" : Il nous fault aller à Pavie, A Melan, et puys a Novare : Je ne veul leissier lieu ne quarre Que ne visite ceste année. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 157).

60

CENDAL   
"Tissu de soie ressemblant au taffetas, souvent teint en rouge (on l'emploie d'ordinaire à doubler les vêtements d'étoffes plus précieuses, à confectionner des tentures ou des bannières, à envelopper ou nettoyer des objets délicats)" : ...une autre pièce et demie de cendal ardant, pesant XXXV onces, pour fourrer un corset ront pour madame la Royne (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 26). ...pour monseigneur, pour une robe de cendel pour pantecoste, d'une violate et d'un marbréz melés de grainne (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1344, 303). ...une escarlatte vermeille de Broixelles à faire audit seigneur un seurcot et une cote hardie fourrée de menuvair, 2 autres seurcos fourrés de cendal blanc, un fons de cuve doublé d'autre drap, et chaperons doubles et sengles (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 83). ...et portoient crucefis et confanons et grandes banieres de cendal par manieres de processions (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1358, 223). Et l'esveillai, ce me disoit, A l'ouvrir d'une fenestrelle Qu'a senestre estoit delés elle. Si tirai un po la courtine De cendal a couleur sanguine. (MACH., Voir, 1364, 352). Item pour VI aulnes de cendal vermeil en graine pour couvrir carreaulx, XII frans. Item pour un chapperon descallate rosée à enfourmer, I fr. et III quars. Item pour une barrete vermeille tainte en graine, II frans. Item pour VI aulnes de toille de Compigne pour faire cuevrechefs de nuit, III frans III quars. Item pour VI paire de soullers feustres et VI paire non feustres, III frans et demi. (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 124). Quant li rois de France fu retrais en son logeïs, et on ot tendu son pavillon de vermel cendal mout noble et mout riche, et il fu desarmés, si oncle et pluiseur baron de France le vinrent veoir et conjoïr. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 58). ...yceulx Cousin et Raoulet (...) prindrent une relique d'argent que l'en avoit mis à l'uys d'icelle chappelle, pour demander pour Dieu, et afin que les bonnes gens feissent leurs aumosnes ; ouquel relique n'avoit dedens sinon sendail vermeil et autres menues choses de drappeaux et cuevre-chefs de soye (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 92). ...ladite croix avoit esté apportée à la Pissote, envelopée d'un po de cendal rouge et d'un drappiau blanc. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 289). ...c'est une terre ou tel loiauté a, Que dessoubs les cendaulx les gasteaux on cuit la. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 30). A Jehan d'Orléans, chappelier, demourant à Paris, pour 3 chappeaulx de cil, doublés de cendail noir et garny chacun d'une plume (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., 1404, 258). ...trois aunes de cendal (...) pour faire contrendroit aux oreillers de Monseigneur de Pontieu (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., 1405, 260). ...III aulnes de cendal noir pour faire banières (Comptes Lille L., t.1, 1419-1420, 160). ...à Guiot Poissonnier, marchant, demourant à Dijon, 36 frans, pour deux sandaulx noirs, au pris de 18 frans le sandaul, lesquelles parties font ensemble 93 frans ; et à Estienne Chambellan, marchant drappier, 36 escus d'or pour VI autres pieces de sandail noir tiercellins (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 901). ...Guillaume de la Heuce s'est constitué acheteur d'une hopellande à usage de femme, de drap vert, doublée de cendail noir (FAUQ., II, 1421-1430, 346). A Genève aussi vous yrés, Et de trestout nous furnyrés, De fins draps, aussy de damas, De velous et de fins cendalz De carmesim, forreure fines, De gris, de martres et d'erminnes, De chaynne d'or, aussy d'affiques (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 64). Item, a maistre Jehan Laurens, Qui a les povres yeulx si rouges Pour le pechié de ses parens Qui boivent en baris et courges, Je donne l'envers de mes bouges Pour tous les matins les torcher ; S'il fust arcevesque de Bourges, Du cendail eust, mais il est cher. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 101). ...une bougecte de sandal bleu. (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 140). Les testes auront plus vermeilles Que fin cendal ny escarlate. (LA VIGNE, S.M., 1496, 271).

61

CÉRIL   
"Cilice" : Aussy veul bien que vous sachiez Que le ceril aussy pourtoit, Et jamais de vim ne bevoit. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 176).

Rem. Note de l'éd. : «Ceril doit être ici une forme altérée de cilice». FEW mentionne ceril à la suite de l'a. prov. celitz.

62

CHANOINIE   
A. -

"Dignité, office, bénéfice de chanoine" (synon. chanoisie) : ...quand il adviendroit qu'en ce lieu il n'y auroit plus d'hospitalité et de mansion de pauvres, nous donnons toutes ces choses et chacune à une chanoinie desservie en l'église de la Magdelaine de Vitré. (Cartul. Laval B., t.2, 1363, 264). Encor a il entention De faire par devotion Une chapelle belle et gente, Où chanoinnes [l. chanoinnie ?] ara et rente... (MACH., P. Alex., p.1369, 175). ...comme ja pieça eust esté pourveu audit graphier de la prebende et canonie de Tournay (BAYE, II, 1411-1417, 15). ...ledit maistre Clement sera maintenu et gardé en possession et saisine de la chanoinie et prebende d'Amiens (FAUQ., I, 1417-1420, 379). Mes seignieur, il est verité Qu'il est vacant une chanonie Et une prebende assés bonne. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 79). ...nous avons sceu que certain procés est pendant par devant vous pour raison des chanoinie et prebende de Saint Germain de l'Auxerrois (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 211).

63

CHAPE   
1.

"Vêtement de dessus, ouvert et à longues manches, accompagné ordinairement d'un capuchon" : ...pour les fourreures de 3 paire de robes (...) pour le corps madame la royne de France (...) pour les 2 surcoz et le corps de la chappe de chascune robe, 3 fourreures de menuvair chascune, 244 ventres ; pour manches de surcot, 48 ; pour manches de chappe, 200 ; pour chaperon de chappe, 100 ; et pour le mantel à parer, 400. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 176). Amis, dessous le firmament N'a creature qui t'eschape, Tant ait cours draps ne longue chape. Tuit congnoissent ta grant puissance Et tuit te font oubeïssance (MACH., C. ami, 1357, 85). ...une escarlate entière paonasse de Broixelles, entière, contenant XXIIIJ aulnes (...) pour faire robe à chappe de V garnemens pour ladicte madame la Royne (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 136). ...pour le mantel à parer, 410 ventres de menu vair ; pour la chappe 537 ventres ; pour les paremens, eschancres, poingnès et chapperon, sept douzaines, six lettices (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 166). ...deux escarlates entières de Brucelles, contenans XXIIIJ aulnes chascune (...) l'une vermeille, et l'autre violette, pour faire deux robes à chappe, chascune de VJ garnemens (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 258). Je te veul bien tenir de près Et estachier, que ne m'echape. Oster te fault celle grant chappe Et aussy celluy faulx visaige. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 132). Et avoit deux paiges habilliez de robes volans, le corps de taftas vermeil et noir, et petites chappes de satin noir (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, p.1468, 127).

64

CHAPUIS   
A. -

"Charpentier, menuisier" : [Il leur fallait] ...Estre l'un chapuis ou maçon, L'un fevre et autre vigneron (DESCH., M.M., c.1385-1403, 264). Ça, mon hostel, alé vous ant La bas trouver de compaignions, De bon chapuis et de masson. Je vuyl fayre icy edifice Ou se fera le Dieu service, Aussy charité et aumonne. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 141). Ung bon chappuis quant il chappuise Doit aviser quel bois il pille (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 40).

Rem. Doc. 1348 (Doubs, .II. haiches a chapuis) ds GD II, 64c.

65

CHARBONNÉE   
"Morceau de viande grillée sur des charbons, viande rôtie, grillade" : Gardés, ce dist Piéron, n'y faciés assamblée ; Il feroient demain de vous leur carbonnée. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 144). Et si aigrement combattit messire Loys, à l'aide des siens, celle place, que à force elle fut prinse ; et là messire Loys fit faire de belles charbonnées, car il en estoit bon maistre. (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 29). ...et tout le remanant des Anglois qui estoient dedans on livra aux communes, qui en firent de grosses charbonnées. (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 77). Faictes du harnas des gens d'armes Pour voz bacines et voz heaulmes, Et les faux pillars et larrons Rotissiez les sur les charbons, Et en prendez grans carbonnées De fin souffre bien assausées, Desinnez ent, car c'est cuyrie Telle qu'il fault a tel maisnie (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 211). Seés vous de cha et de la Trestout, et ung vous servira De potage et de char salée, Et aussi de une charboniée, Tan que serés trestout bien aise. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 48). Ypolite, vecy pour toy ! (En frappant). Pren en gré, c'est de ma donnee. Esgar, compains, quel charbonnee Va rostir ; je n'ay pas failly. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 260).

66

CHARNALITÉ   
B. -

"Concupiscence, sensualité, luxure" : ...c'est assavoir ou peuple que ne deshoneure point luxure, ne charnalité (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 229). "Or pense doncques de soutilment enquester des personnes qui par toy seront pourmeues en dignitez de l'eglise, voire par le conseil de personnes notables et de sainte vie appreuvee, qui soient sans avarice, sans charnalite et sans ambicion..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 311). Se la chier hurte par mauvaise charnalité, tentost nous li ouvrons et en faisons comme ung ort logis de pourciaux. (GERS., Pent., p.1389, 81). Sur toutes choses les pechiez de charnalité rendent obscure l'ame, et la font impuissante a riens cognoistre de Dieu et de ses choses espirituelles (GERS., Trin., 1402, 153). ...car aux autres qui estoyent malicieux ou qui se donnoyent a orde charnalité, Dieu ne se monstra pas sinon a leur horrible mort (GERS., Noël, p.1404, 297). ...tout ainsi que la busche est le nourrissement du feu, lecherie et friandise et superfluitéz de vins et de viandes est le nourrissement de charnalite (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 18). ...le mareschal est net de cestui vice de charnalité et de toute superfluité, qui est parfaict signe de sa continence (Bouciquaut L., 1409, 417). Encores ces mesmes personnes Se doivent forment abstenir Pour péril qui en peut venir, Car excédent charnalité Consume et gaste humidité Et la chaleur de corps humain, Et le rent failli, lent et vain (LA HAYE, P. peste, 1426, 107). Trop poy prisoit le merite de celle abstinence qui si tost s'en recompensoit par tant d'excès, et pou valoit la jeune de jour en esperance de si orde nuyt, et de tant dissolue charnalité. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 121). Je ne cuydoye jamais touchier A femme par charnalité ; Mais, pour complir voz volunté, Fayre me faut tout au contraire. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 67). ...la femme qui est en sa compaignie n'est point une folle femme comme vous dictes, mais est une noble fille qui est de son linaige ou de son affinitté, laquelle n'a en soy souillure de charnalité, comme son gracieux maintieng, sa doulce semblance et l'attemprance de sa vergonneuse simplesse le monstrent clerement. (RASSE BRUNH., Flor. Elvide B.N. C., a.1456, 10).

67

CHARTREUSE   
A. -

"Couvent de chartreux ou de chartreuses" : A Dieu, pere plain de bonté ; A Dieu, ma mere debonnayre : En chartrousse me veut retrayre. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 101). ...et icellui Pierrequin [échappé de la prison] monta sur ung muret et d'illec descendi en une chartrousie, priant très humblement au prieur celer et le garder illec (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 466).

68

CHÈRE   
b)

À sa chere. "À la mine qu'il fait" : Mays bien me sembla, a sa chiere, Qu'il n'avoyt pas bien la manere De homme de guerre, mays d'eglise, Et que son entente avoit misse Aultre part qu'en mondanité. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 96).

69

CHEVAL   
-

[Sur un cheval] : Il vous seroit trop mieulx a estre A cheval sur ung bon destrier (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 73). ...quant il fut a cheval sur son destrier... (LA SALE, J.S., 1456, 114).

70

CHEVÊTRE   
-

[Comme expression d'une valeur minimale et p. iron.] : Tu as deserviz ung chevestre. Aultre paye ne t'apartient. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 181).

71

CHOEUR   
B. -

"Partie de l'église située en tête de la nef, où est placé le maître-autel et où se tiennent le(s) officiant(s) et ceux qui chantent l'office" : La XXVIIe jour vegile Saint Symon et Saint Jude, Madame ala oyr messe à l'esglise cathedral et le Roy ; et fu le Roy receu comme chanoinne et vesti surplis et aulmuce et chappe et sei en estal en chor (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 450). Lors monta le prieur a moult les eschielles, et vint a l'eglise, et trouva Gieffroy ou cuer de l'eglise, qui avoit ouy messe. (ARRAS, c.1392-1393, 277). Et ainsi, sans soy mouvoir ou deambuler par l'eglise, trestous tant du cuer des chanoines comme de toutes pars, pourront veoir les prestres chantans et lever le precieux corps Nostre Segneur. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 83). Ensuivent mises faites par les commis dessus nommez pour le faict de la dite execucion : Premierement pour l'enterrement et obsèques du dit trespassé, Pour une casse a mettre le corps du dit defunt VIIs. (...) Item, le jour de son obsèque fut distribué ou cuer de l'eglise de Beauvés aux presens au dict obsèque XLs. (Invent. test. beauv. L., 1401, 61). ...chascun an pardurablement une messe de la Vierge Marie sera solemnellement célébrée et chantée par le prévost ou doien de l'église Saint-Lambert de Liège ou cueur et au grant autel de ladicte église (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 379-380). ...pour III cerisiers chascun de XXII piés de loncg mis et employés au travers du cuer devant le cruceffis IIII s. pièce sont XII s. (Comptes Lille L., t.1, 1419-1420, 158). Et fut porté le corps dudit roy en mellieu du ceur de Nostre-Dame de Paris, et là furent chantées végilles de mors pour ledit roy, et le lendemain la messe, laquelle chanta Monseigneur le patriarche (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 116). Or ça, il fault que ly remecte En main le baston de regime, (Tradit baculum) De l'iglise la discipline, De toute la correction, Du cueurs la dominacion [Éd. : «La surveillance du choeur de l'église. Telles étaient les attributions de l'archidiacre.»]. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 113). Item, le jour que on fera mon obit au cuer, je laisse a distribuer IIIIs. p. tant pour la procession que en aultrement, et pour luminaire quatre livres de cire, et pour sonner les moyneaulx, tant a vigillez comme a la messe se il plaist aus margliers, XXs. p., et se non soient convertis en messes. (Invent. test. beauv. L., 1452, 72). ...faire dire et chanter a haulte voix par ses religieux assemblé[s] on cuer ou en la nef de sadicte eglise, chascun jour a tousjours mais perpetuellement, a l'eure que celui qui dira la grant messe en ladicte eglise sera revestus jusques a mettre la chasuble pour celebrer ladicte messe et avant l'introite d'icelle (Trés. Reth. L., t.3, 1454, 348). "La coustume des esglises sollempnelles est de rachetter les esperons qui sont portez aux coeurs." (LA SALE, J.S. E., 1456, 294). ...la chandelle de ladicte ville, qui est en ung tour sur le pulpitre de ladicte eglise, à l'endroit de l'Imaige Nostre Dame, estant en la nef, près de l'entrée du cueur d'icelle eglise (Comptes Paris M., t.2, 1488-1489, 473). Ung tabernacle au grant cueur [de l']eglise Fut exposé (LA VIGNE, V.N., p.1495, 192).

72

CITÉ   
-

[Siège épiscopal] : Oy dya, a la cité fondée D'Oste, ou il a ung bon evesque (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 49). Si furent expousés Othon et Florissant par l'arcevesque de la cité (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 71).

73

CIVET   
"Ragoût cuit avec du vin et des oignons, civet" : Le .Ve. article que vous saichiez commander, ordonner, deviser et faire faire toutes manieres de poutaiges, civez, saulses, et toutes autres viandes. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 4). Civé de lievre et brouet d'anguille... (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 175). Poiree blanche, hastelez de beuf, grosse char, civé de veel, du brouet houssé. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 177). ...les dessus dicts furent grandement servis de potaiges espicez en manière de cyvé, de boueill, roust, de plusieurs manières de viande avec les saulces et espices appartenantes et servis de pain blanc, vin blanc et claret. (Cartul. Laval B., t.2, c.1400, 363). Il fauldra largement boucter Cuyre de boilly et rosti, De blant mangier, pastez aussy De hasteriaulz et de luannes. Vous avés d'oisons et de cannes ; Et de livre on fera cyvés, Puis tresmoulletes en socrez. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 65). UNG CIVé DE LIEVRES (Recueil Riom L., c.1466, 74). Quel lardon pour faire cyvé. (Copp. lard., a.1488, 158).

74

CLAIREMENT   
-

Voir clairement. "Jouir du sens de la vue, ne pas être aveugle" : L'AVEUGLE. Hélas ! mal se peult resjoïr, Celluy qui az perdu lumiere. Je vouldroie bien avoir la fievre Et que je veisse clerement. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 166).

75

CLARÉ   
"Vin de liqueur, aromatique et pimenté" : Prymes par les orailles : par trop grant delite oier deviser les bones viandes et les deliciouses et les boiers - fortz vyns, ou verdelés, ou clarree, vernage (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 48). Pour demie livre poudre de clarè, 12d. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 213). Jeudy premier jour, petit disner à Gerston et giste à Stanford. Thomas Vare, espicier, pour 1 livre 3 quarterons de sucre en pain pour faire claré, acheté du commandement du Roy, 4s. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 214). ...pour toile à faire sas à claré pour le Roy, 2s. ; pour la façon des diz sas, 4d. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 271). ...à Thomas Espringuet, vin et clairé, XXII s. VI d. (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 431). Item de vins doucetes, comme de vin de Grece, ipocras, Montrose, Runney, vernage, malvoisin, Osey, clarrey et pyement, et de tous autres vins que l'en peut avoir. (Man. lang. G., 1396, 66). Largement, coment l'aygue cort, Fauldra cleyré et ypocras. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 65). ...une fontaine de plomb dont yssoit claret et ypocras au jour dudit banquet [ou est-ce clairet ?] (Comptes Lille L., t.1, 1453-1454, 428). Ayons des viandes les melheurs Et vins rouges, blans et clarés. (Pass. Auv., 1477, 88).

76

CLERGIE   
A. -

[Subst. collectif] "Communauté des clercs ; clergé" : Se Bonneürtez par nature, Par fortune ou selonc droiture, Appert en la chevalerie, Elle appert aussi en clergie : La tient elle honneur en ses mains. (MACH., J. R. Nav., 1349, 272). LE MESSAGIER. (...) A Romme est preste la clergie De ce prouver. HELAINE. Po pourront vers mes clers durer. (Mir. st Sev., 1362, 222). ...sans faille de IIIJ. choses excellentes resplandist et est aourné cestui tres noble royaume sur toutes les contrées du monde : la premiere est de haultece de tres nobles princes d'un meismes sang de la lignée royal ; la seconde est de vaillant chevalerie et estat des nobles ; la tierce de solonnel clergie en plusieurs universelz estudes (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 124). Je vous prie, soyés commandant A la clergie, a la commune Qu'il soyent apresté tout digne. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 56).

77

CLOCHER1      | 2 | 3   
-

Jaquemart est au clocher : Dicte vous que [vous] me bactrez ? Si hardy de moy riens tochié, Car Jacquemars est au clouchié ; Vous ne serés ja si hardy. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 181).

Rem. Note de l'éd. : "Locution proverbiale, signifiant que le bâton qui doit frapper est tout prêt. Jacquemart était le nom populaire du sonneur en fonte placé à côté des cloches, un marteau à la main, pour frapper les heures".

78

CLOP   
"Boiteux, éclopé" : ...car meultz, si come vous ditez, vauroit estre cloup et ou un oil en paradis qe tout droit ou diaux oeux aler en enfern. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 165). Si que de la se departi En moult grief et moult dur parti, Et laist Erudice la clope, Et s'en retourna en Redope, Et devint homs de tel affaire Que ne le vueil mie retraire, Car li airs corront et empire De parler de si vil matyre. (MACH., C. ami, 1357, 91). Et pour ce que icellui estoit clop et boisteux, le commencerent les aultres moult a raprouver et dire qu'il aloit faire. (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 131-132). LE CLOP se met a genoux. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 1177). LE CLOUP. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 182).

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CLOP   
"Boiteux, éclopé" : ...car meultz, si come vous ditez, vauroit estre cloup et ou un oil en paradis qe tout droit ou diaux oeux aler en enfern. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 165). Si que de la se departi En moult grief et moult dur parti, Et laist Erudice la clope, Et s'en retourna en Redope, Et devint homs de tel affaire Que ne le vueil mie retraire, Car li airs corront et empire De parler de si vil matyre. (MACH., C. ami, 1357, 91). Et pour ce que icellui estoit clop et boisteux, le commencerent les aultres moult a raprouver et dire qu'il aloit faire. (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 131-132). LE CLOP se met a genoux. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 1177). LE CLOUP. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 182).

80

COCU1      | 2 | 3   
"Mari trompé" : Lors la prant li homs prins a l'ain, Li cornebaux, li coquehus Et a force monte dessus, Et a grant paine a celle place, Afin que bonne paix se face, Gist a elle li bons eurez, Li cornuz empeliçonnez Dont li deduis ne plaist c'un po. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 124). ...A noustre ville, Il [y] avoit plus de dix mille Mal marié, sans le culcu. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 68). Dances donnent ocaysions C'on fait maintes conclusions De povoir tromper les maris, Et la se font les bons patys Et s'y forgent les bons contrays, Que s'il ne se trouvoyt sy pres, Il ne s'en forger[o]ient pas tant, Et l'en ne trouveroit chantant Tant de cocquus, je te promet. (Lord. Tart Ab. L., a.1465, 175). C'est bien assez pour devenir Hors du sens et estre cocu (Feste roys, c.1475-1500, 301). Maris ne seront plus cocus. (Rapp., c.1480, 65).

Rem. Ex. début XIVe s. ds TLF.

81

COEUR   
-

Avoir son coeur à / en qqn. "Placer sa confiance en qqn" : Toutes ces choses ont esté et sont sur nous, et toutevoye nous ne t'avons point oublié, ne n'avons envers toy fait aucune chose inique, et avons eu et avons tousjours le cuer a toy (JUV. URS., Loquar, 1440, 355). Mon seignieur, [or] il vous fault dire A Bernard s'il y az son cuer. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 15).

82

COEUR   
-

Coeur d'homme : Mon compere, il vous fault avoir Ung cuer d'omme, non pas de femme. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 91).

83

COITE1      | 2   
-

À coite d'esperons. "En piquant des éperons, en toute hâte" : Il n'a si ne Rolant ne vous, sire Karlon, Qui ne s'en fust fuïs a coiste d'esporon ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 326-327). A coite d'esporons s'en revint par dechà, A balles descendi et son ceval laissa. (Chev. cygne R., c.1356, 112). L'Ampatris li venoit à quoite d'esporon (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 82). Adiès sieut Labigant à quoite d'esporon. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 382). Et cez perez, ly dus, n'y fist demorison, Car il sieuwy son filz à coite d'esporon. (Hugues Capet L., c.1358, 136). Et entendirent par leurs fourageurs (...) que il i avoit gens d'armes et arbalestriers en la ville de Menin, qui desemparoient l'eglise. Lors traïssent il celle part à quoite d'esperons, et exploitièrent tant que il i parvinrent. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 118). A coi(n)te d'esperons ilz se vont aprochant (Cip. Vignevaux W., p.1400, 45). Il [Blancandin] s'est appareillé a force et en bandon, De Sarragosse yssi a coursse [l. sans doute coiste] d'esperon (Galien D.B., c.1400-1500, 31). ...point n'orent loisir (...) De mener aveuc iaus ne cars, ne careton, Ne juiaus, ne avoir, ne nule garnison, Ançois soudainement, à coite d'esporon, S'en alèrent par nuit tout li plus haut baron (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 569). ...et celle première embusche de deux cens combatans se vint retraire à coite d'esperons en l'embusche du sire de Clisson (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 55). ...lors descouvrirent leur embuche et à coyste d'esperons se vindrent metre entre le pont de la ville, la Pucelle et sa compaignie (CAGNY, Chron. M., 1436, 175). Menton, a coite d'esperons A Myolans nous t'envoyons, Et conteras celle avanture Qui nous est assé male et dure (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 93). ...[le chevalier] lasce les rensnes du cheval et a coitte d'esperons, lance baissie, court vers son adversaire (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 71).

84

COITEUSEMENT   
"À toute vitesse, en hâte" : De Souvenir moult me contente, Car il a fait a bonne entente Si quoitousement mon message. Je le tieng a vaillant et sage, Quant il scet si briefment aler Et si courtoisement parler (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 142). ...li cardinaus (...) se departi de Tours quoiteusement et chevauça devers le cité de Poitiers (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 13-14). Si tretost que li dus d'Ango et li baron de France et de Bretagne eurent achievé ceste daarraine chevaucie devant ditte, il furent quoiteusement remandé dou roy de France et escript que tantost et sans delay il retournaissent en France. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 181). "Or tost as chevaus ! chevauçons quoiteusement celle part." (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 205). Messires Robers Canolles, qui estoit logiés assés priès de là, le sceut ; si s'arma et fist armer ses gens et desvoleper sa banière, et se traïst moult coiteussement celle part. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 15). Tantos et sans delai toutes ces nouvelles il escripsi et envoia quoiteusement devers son fils, le duc de Bourgongne, qui se tenoit devers le roi en France. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 106). Les lettres escriptes et seelees, honme bien esploitant furent cargiet de faire ce message et se missent a voie et chevaucierent tant quoiteusement de nuit et de jour que il vinrent a Douvres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 786). [Autre ex. p.684] Enfans, aler il nous faudra A l'egleyse pour Dieu prier, Car j'é veu le peuple tyrer Celle part bien coyteusement. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 123).

Rem. Ex. d'a. fr. ds GD II, 179b-c.

85

COITEUX   
A. -

[D'une pers.] "Pressé" : Mon seignieur, vostre parlemant Est notable et [bien] gracieulx ; Mès il me semble que coiteux Vous este de moy marié. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 66).

86

COITIER   
II. -

Empl. pronom. "Piquer de l'éperon ; se hâter" : Pour secourir Regnaut se vont forment coitant ; Et Sarasins aussi se vont esbaudissant, Et dessus nous Franchois se vont abandonnant (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 635). Il ne se fault aucune fois Tropt cuytier ; advisé y bien, Non obstant que je ne sçay riens En luy que il n'en soit bien digne. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 110).

87

COLLET   
3.

P. méton. "Coup donné sur le cou, sur la nuque, sur l'épaule ; p. ext. coup" (synon. colée) : Et tu auras sou ton cervel. Or tien ce collet, malestreu ! (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 181).

88

COLONNE   
1.

"Colonne" : Et pour ce, selon nature il n'i a destre ne senestre, etc., fors ou par similitude ou ou resgart de nous, si comme une colompne est faite destre ou senestre, devant, etc., par remuer ou elle ou nous. (ORESME, C.M., c.1377, 310). ...coulonnes d'argent y mist, D'or et de pierres florettees (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 259). [JUPITER :] Ne passe il femme ny homme, La ou est planté ma columpne ? C'est mon oeul a decepvoir gent [Il s'agit d'une colonne consacrée au culte de Jupiter, sur laquelle l'oeil de ce dieu était représenté par une escarboucle ; cette colonne était implantée au col du Petit Saint-Bernard]. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 43).

89

COMMUNE   
2.

"Ensemble de gens du commun peuple, le commun peuple, le peuple" : Si avint un jour que li dus de Normendie estoit ou palais à Paris à tout grant fuison de chevaliers, de nobles et de prelas, li prevos des marchans assambla ossi grant fuison de commugnes de Paris qui estoient de sa secte et de son acord. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 96). Et me fist mondit seigneur capitaine de Rotredam, soubz moy deux cens combatans, où nous eusmes une aventure de la commune de la ville qui s'esmeut contre nous (LANNOY, Voy. amb. P.H., p.1450, 163). Je vous prie, soyés commandant A la clergie, a la commune Qu'il soyent apresté tout digne. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 56). Et à ce jour et depuis vindrent certaines nouvelles en France que lesdiz de Clairence, Warwyk, qui ainsi estoient sur les champs et en armes oudit royaume d'Angleterre, cuidans trouver ledit Edouart, prospererent ilec tellement que tous les princes, seigneurs, nobles, prelas, bourgois et commune dudit pays d'Angleterre, et singulierement tout le populaire de Londres, vindrent au devant dudit Warwyk (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 247). Grans et petiz et la commune, De luy chacun estoit contant, Mes en mille heures ne fault que une, Qui n'adviendra pas en mille ans. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 217). Vaillant capitaine, il vous mande Que vous et toute vostre armee Soit tost et promptement paree, Et que vous veniez a sa court, Car je vous dy a ung mot court Que ceulx de Gaule ont prins journee A la my may, et adjournee Est ja trestoute la commune ; Vous y envoirriez cent pour une. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 143).

90

COMPAGNON   
e)

"Artisan, ouvrier qui a achevé son apprentissage, qui travaille sous les ordres d'un maître" : Il y aura (...) deux esleuz pour ledit mestier [des foulons drappiers], c'est assavoir un maistre et un varlet dudit mestier qui envoyeront les compagnons en besongne à droicte heure (Industr. Paris F., 1330-1500, 337). Et defend en oultre ladicte Court que, doresenavant, aucun boulengier ne soit musnier ou fermier, ne compagnon de fermier de molin, à peine de cent livres parisis amende et d'estre mis ou pilory. (FAUQ., I, 1417-1420, 378). ...pour le menaige de 4200 de carreaux neufs, prins en deux bateaux en Greve, oudit mois d'aoust, et iceux menez en une ruelle qui est derriere l'Ostel de ladite ville, pour la garnison d'icelle, par marchié à lui fait, 48 s. p., et pour le salaire d'un compagnon qui a contrerollé lesdits carreaux (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 670). Ça, mon hostel, alé vous ant La bas trouver de compaignions, De bon chapuis et de masson. Je vuyl fayre icy edifice Ou se fera le Dieu service, Aussy charité et aumonne. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 141). De Oudin le Borgne, demourant à Senlis, Colin le Flament, dit Haalot, Jehan Guerault et Jehan le Peletier, demourans à Saint Leu d'Esserens, tous carriers compagnons, ensemble, hancés ledit 22e jour de juing et quittés pour deux hances valant 6 l. p. (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1451-1453, 774). Ma dame, de l'un, avec IIJ solz, je en ay eu deux paires de fins draps linges, et de XX s. j'en ay eu IIJ paires de soulers (...) et le surplus donné le vin aux compaignons des maistres ouvriers (LA SALE, J.S., 1456, 57).

91

COMPARER2      | 1 | 3   
a)

"Se dépenser pour qqn, pour avoir sa confiance, pour l'avoir avec soi" : [Une mère s'adresse à son fils] Ha ! Bernard, je t'avoye assés Comparez, et tu m'a fay guerre ! (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 91).

92

COMPARER2      | 1 | 3   
b)

"Obliger qqn par un service rendu, par ce qu'on subit pour qqn" : LE PARALETIQUE. Hélas ! or n'ay ge nulz qui m'ayde A moy pourté au bon corps saint. (...) LE FIEVREUX. Or l'alons querir. Le bon homme Prendrés ; la filie pourterons. LE PARALETIQUE. Las ! grant marcy, mes compagnons ! Vous me comparez grandement. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 179). Beau cousin Herchambault, je vous ay comparé, car on m'a martyré et navré ainsi pour l'amour de vous [on a martyrisé Hermant pour avoir facilité la tâche à Herchambault] (Doolin de Mayence V, P., 1501, 19-5).

93

COMPARER2      | 1 | 3   
-

[Dont on est responsable] : Vo sergant me fait blafme, maix il lou comperait ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 64). Et volentiers me desdiray Et de point en point tout diray Ce que vous m'avez commandé ; Car pour ce m'avez vous mandé, Et meffait li ay ; par saint Pere, C'est bien drois que je le compere. (MACH., P. Alex., p.1369, 243). Qui mal fera si le compere. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 234). ...moult bien comparer doi Che meffait (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 155). Et ce veu par ledit pelletier, il dist audit trespassé que puisqu'il vouloit grever son compere, il le comparroit ; et tenoit en sa main un baston de cotheret, dont il se efforça de ferir ledit trespassé (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 412). Les trois ambassadeurs de Lucembourc adviserent bien leur contenance et dirent l'un a l'autre : Par foy, ces enfans sont bien tailliez de conquerre encores une grant partie du monde. Or puet bien dire le roy d'Ausay qu'il comparra la fole emprise et le dommage qu'il a fait a nostre pucelle et a son pays. (ARRAS, c.1392-1393, 156). Mais il fu moult doulent de la perte de sa mere et de la douleur de son pere. Et senty que la premiere racine de ceste grief mesaventure mouvoit par le conte de Forest, son oncle, et jura la Trinité qu'il le comparroit. (ARRAS, c.1392-1393, 268). ...et qu'elle compere Le fait couvient (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 190). Tu vois que tout homme compere Sa mauvaise concupiscence. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 145). Ha ! ydole de Dieu mauldi, Tu as regné trop longuemant Et as destruis les pouvre gent : Tu le comparras dorimès, Des oltrayge que tu a fais A la pouvre nature humainne. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 133). De ce veulx prandre plet, Suyés moy pas a pas. Som cas en sera let. Griefmant le comperas. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 298). "Ores, damp Abbés, cognoissez que Dieu est vray juge, quant vostre force et vostre faulz, mauvais et injurieux parler ne ont eu pouoir que ne soiés chastié, et present celle (...) par laquelle avez si deshonnestement menty et parlé contre les chevaliers et escuiers, et pour ce celle tres faulse langue le comparra." (LA SALE, J.S., 1456, 298).

94

COMPLIR   
Empl. trans. "Accomplir, achever, réaliser" : Et est tout compli, et tantost que l'evesque ou le prestre est desvestus de ses ornemens, visiblement la belle dame a toute sa belle compaignie se part en un batre d'eul (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. G.-K., c.1384-1389, 63). Item le povre pelerin supplie a ses peres Celestins que tantost que sa charongne sera mise en terre et l'office compli, la cloie sur laquelle il avera esté trainé soit desfaite par pieces et mise ou fu (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 321). Je ne cuydoye jamais touchier A femme par charnalité ; Mais, pour complir voz volunté, Fayre me faut tout au contraire. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 67). Quant il eust fait son oroison, il se mist comme pouvre malade en l'ospital affin de complir son veu. (Belle Maguel. C., 1453, 51). Seurement j'aurois bon vouloir De faire a chacun plaisir, Bon Advis - je vous fois scavoir - : Mais complir ne puis mon desir. (OLIOU, Mess. Arg. A., c.1470, 465). Alons a une aultre cité, Pour complir le vouloir mon pere. (Pass. Auv., 1477, 133). [Dieu] Puet aussi faire une chose non complie complete, et ce par appropriation et adjoustement. (Somme abr., c.1477-1481, 160). L'aultre qui se dist voulenté de signe qui se remonstre par aucuns signes de dehors, et ceste demeure aucune fois non complie. (Somme abr., c.1477-1481, 172).

95

COMPRENDRE   
-

"Lier, asservir" : Mon trés chier filz, pour grant espace Nostre Bernard a supplié Pour le peuple qui est lié Et compris per ydolatrie De Jupiter, que ne doibt mie Acomparer le simple gens Par le dyable qui est dedans. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 120).

96

COMPTE   
.

Rendre bon / petit... compte de : ...tres doulz Pere, je vous pri que vous m'ayés excusee se je vous rent petit compte ["peu favorable"] de vos ouailles, que je vous moustrerai clerement que il se sont plus forfaites envers vous etr envers moi (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 12). Si en y avoit de ceulx qui ne rendoient pas bon compte ne honnourable, ilz estoient pugnis ou de corps ou de bien et de leurs chevances, et telz en y avoit de tout (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 32). Bonnes gens, retraiiés vous casquns en son hostel, et dedens trois jours je vous appellerai et serai pourveus de vous rendre si bon compte, que vous en serés tout content. (FROISS., Chron. D., p.1400, 638). Et je vous promet, par ma foy, Que je prieray a Dieu pour vous Devotement, aussy pour tous Mes amys, et rendray bon compte. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 100).

97

COMPTER   
-

Empl. abs. "Procéder à un dénommbrement, calculer" : Lors vindrent les receveurs de toutes ses terres, et entrerent en une chambre. Et la fu Gieffroy et ceulx qu'il avoit commis et ordonnez pour les comptes ouïr, car a lui n'en chaloit que un pou. Et tant ont compté et recompté que tout estoit bien a point. Mais tousjours es comptes du receveur de Lusegnen avoit au derrenier : Item, X. solz pour le pommel de la tour. Et compta bien Gieffroy que, de tous les X. ans dont il avoit rendu compte, tousjours y avoit au derrenier : Item, X. s. pour le pommel de la tour. (ARRAS, c.1392-1393, 295). Ilz sont, se je n'ay mal compté, Treize portans chappealx rouges (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 39). Sommes nous trestous descendus ? Or contons se nous sommes dix. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 46). Malbec, frapons Dismas accop ! Jambes et cuisses luy rompons. Ung, deux, trois, quatre comptons, V, VJ, VIJ, VIIJ, IX et X. (Pass. Auv., 1477, 230). Dont, de conter ne soyez endormy, Car en effect trois en aurez, en somme. (LA VIGNE, S.M., 1496, 173).

98

COMPTER   
-

À compter de. "À partir de" : ...le roy Phelippe de Valoys estoit plus pres que Edouart de la couronne d'un degré, ou a conter de Phelippe filz du dit roy saint Loys, car de luy jusques a Charles de Valois son filz n'a que ung degré (JUV. URS., T. crest., c.1446, 54). A concté de ycy en ung moys, Vostre fillie ung vous amenra. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 30).

99

COMPTER   
.

"Procéder à une évaluation" : Oure, hoste, combien vous fault ? Comptez, et puis serez paiez. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 39).

100

CONCLUSION   
-

À la conclusion. "Bref, en somme, en définitive" : Bernard, a la conclussion, Je veult que soyés marié Tantost, ou mal lié me feyrés. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 3).

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